A l’angle des rues
Amùri fait partie de ces adresses qui représentent un pan de mon monde culinaire, celui que nous appellerons “les endroits nichés à l’angle des rues”. De prime abord, cette dénomination peut paraître surprenante mais elle revêt une dimension singulière. Je les affectionne particulièrement, car lorsque ces endroits sont habillés de grandes fenêtres, ils permettent de conserver un lien tacite avec l’extérieur, ce qui renforce la convivialité du moment vécu à l’intérieur. N’est-il pas agréable d’échanger un sourire avec l’un ou l’autre passant, tandis que vous dégustez une cuisine emplie de saveurs ? Avant d’expérimenter cette atmosphère, attardons-nous sur la façade du restaurant qui nous évoque un peu l’architecture brutaliste par sa couleur grise et son côté brut. Ici, rien n’est ostentatoire, à l’exception d’une statue surplombant l’établissement… A l’intérieur, nous retrouvons ce même aspect brut dans le choix de la décoration, les tables, les assiettes, ainsi que le bar, élément central du “ristorante”. La promiscuité des tables crée naturellement une ambiance conviviale, où des conversations en italien, en néerlandais et en français cohabitent en parfaite harmonie.
Tonno e polpo
A la lecture de la carte, nous pressentons que nous allons bientôt accéder à une infinie palette de saveurs. D’ailleurs choisir est difficile car tout nous semble attrayant ! Lorsque les assiettes arrivent à table, la magie opère de suite et les effluves nous transportent immédiatement en Sicile. Deux plats retiennent particulièrement notre attention et suscitent chez moi les célèbres onomatopées de Brigitte Bardot dans la chanson de Gainsbourg : “Shebam ! Pow ! Blop ! Wizz !” C’est de loin ma sensation préférée à table. D’un côté, nous retrouvons le thon fondant dans la bouche, avec son glaçage au vinaigre balsamique, ses oignons caramélisés, son crumble aux amandes et de l’autre, une salade croquante de fenouil et d’agrumes, un délicieux mariage entre douceur et acidité. La seconde association marie le poulpe grillé, dressé sur un flan de pommes de terre, avec la gourmandise d’une croquette au Caciocavallo Ragusano et une salade qui apporte une touche de fraîcheur. Nous avons apprécié cette immersion au coeur de la cuisine sicilienne, qui nous inspire l’amour et le réconfort dans un lieu où il fait bon vivre. Il nous tarde déjà d’y retourner, afin de découvrir les autres plats de la carte.