Aux Lyonnais

Aux Lyonnais

Une adresse culte

Au cœur du 2ᵉ arrondissement parisien, entre les échos d’un Paris populaire et les parfums d’une cuisine de mémoire, Aux Lyonnais déploie un charme discret et puissant. Dans cet ancien bouchon revisité par Alain Ducasse et aujourd’hui porté par une nouvelle génération inspirée, on célèbre la tradition lyonnaise avec cœur, finesse et générosité.

Une adresse où le goût du vrai se mêle à l’art de recevoir, et où chaque plat semble raconter une histoire. Pour les amateurs de tables sincères, un passage obligé.

Quand les saveurs ont le goût de la mémoire

Il est des adresses parisiennes qui ne vieillissent jamais. Non pas parce qu’elles courent après la modernité, mais parce qu’elles ont cette grâce intemporelle, cette capacité à rester fidèles à leur âme tout en se réinventant. Aux Lyonnais, niché dans une rue calme du 2ᵉ arrondissement, fait partie de ces lieux rares.

L’histoire commence en 1890, dans ce qui n’était alors qu’un dépôt de charbon, bois et vin. Mais c’est après-guerre, sous l’impulsion de Daniel Violet, que le lieu se transforme en véritable bouchon lyonnais, au cœur même de Paris. L’adresse prend son envol, jusqu’à devenir culte quand Alain Ducasse la reprend en 2002, lui insufflant ce supplément d’âme qui conjugue respect des traditions et exigence du goût.

Une nouvelle génération à la manœuvre

Depuis 2025, une nouvelle page s’écrit. Ducasse, toujours associé, a confié les rênes à un trio complice : Margot et Félix Dumant, jumeaux à l’esprit affûté, et Kevin Marengo, le cousin, fils de vigneron à l’élégance décontractée, dont le charisme et la passion du vin électrisent la salle. Ce n’est pas un hasard si ces trois-là pilotent déjà d’autres institutions parisiennes – Aux Bons Crus, Aux Crus de Bourgogne ou Le Chardonnay – avec un flair redoutable.

Ils n’ont rien bouleversé, mais ont su raviver la flamme. La maison conserve son écrin rétro : Plafonds à moulures, lustres bistrot, moules de cuivre vintage, frises de faïence fleurie, presse à canard et une lumière douce qui évoque les tablées d’un autre temps. On croirait que le père Violet est encore à l’ombre du zinc, à surveiller du coin de l’œil les clients affamés.

La cuisine comme une partition gourmande

En cuisine, c’est Victoria Boller, lyonnaise de naissance et fidèle cheffe, qui perpétue la tradition avec doigté. Ici, la quenelle de brochet ne se contente pas d’être bonne : elle frôle le sublime, nappée d’une sauce homardine aérienne comme une mousseline. La pintade fermière des Dombes rôtie à la perfection, accompagnée de mini fenouils du Perche, rend hommage à Bocuse. Le dessert quant à lui évoque les jardins au printemps, le petit pot de thé au Jasmin d’Alain Chapel, accompagné de la glace aux Herbes et d’un sorbet de citron confit, issus de la manufacture d’Alain Ducasse.

Mais derrière cette fidélité apparente se cache un savant travail d’équilibre : rien de lourd, rien de figé. Les plats chantent juste, servis avec élégance, précision, et une pointe de malice. Le fameux Menu Travailleur, pensé par Ducasse, est toujours là, dans une version allégée à 28 €, mais chargé en émotions.

Une âme canaille, un esprit raffiné

Ce qui séduit, au fond, c’est l’esprit du lieu. On vient Aux Lyonnais autant pour bien manger que pour ressentir cette convivialité canaille typiquement lyonnaise, servie à la parisienne, avec chic et naturel. Le service est attentionné sans être obséquieux, présent sans s’imposer. On vous accueille comme un habitué, même si c’est votre première fois.

Et si vous avez la chance de croiser Kevin, n’hésitez pas à lui parler vin : il vous racontera une appellation comme on conte une histoire. Il en parle comme d’un terroir vivant. À table, les verres dansent, les sourires fusent, et l’on sent que tout ici a été pensé pour que l’instant devienne souvenir.

Une adresse comme on les aime

Aux Lyonnais ne cherche pas à séduire tout le monde. Il s’adresse à ceux qui savent que la cuisine est un langage, que les lieux ont une âme, et que la simplicité bien faite est un luxe. Il est rare de pouvoir dire d’un restaurant qu’il est à la fois populaire, précis, et profondément attachant. Celui-ci l’est, sans conteste.

Pour les Sybarites en quête d’une parenthèse chaleureuse, généreuse et parfaitement orchestrée, cette table-là mérite plus qu’un détour. Elle mérite un rituel.

● Aux Lyonnais |
32 Rue Saint-Marc, 75002 Paris, France
T +33 1 42 96 65 04
Copyright : Les Sybarites