Château St. Gerlach

Château St. Gerlach

Entre dévotion et dégustation

Il est des lieux où le temps s’arrête sans jamais se figer. Le Château St. Gerlach, joyau du Limbourg, appartient à cette catégorie rare : un domaine où l’histoire se faufile entre les verres de vin, les fresques baroques et les assiettes millimétrées. Ici, la grâce a trouvé son terroir et la famille Oostwegel, son manifeste.

Blotti dans la vallée de la Gueule (c’est son vrai nom…), ce Relais & Châteaux ne se contente pas d’être un hôtel cinq étoiles : c’est un chapitre entier du patrimoine néerlandais réécrit à la plume contemporaine. À l’origine, un monastère du XIIᵉ siècle, transformé au fil des siècles en demeure aristocratique, avant de sombrer dans le silence et la poussière. Il aura fallu l’œil et la ténacité de Camille Oostwegel Sr., enfant du pays, pour le tirer de sa torpeur, le racheter pour un florin symbolique et en faire un haut lieu de l’art de vivre.
Aujourd’hui, l’histoire continue avec son fils, Camille Jr., et une équipe qui cultive le beau comme on entretient un verger : avec exigence, patience et une joie tranquille.

Un domaine habité par l’art et la lumière

Le décor est d’une beauté savamment orchestrée : jardins à la française, sculptures contemporaines, vignes disciplinées, et quelque 600 arbres soigneusement taillés. On passe des pierres séculaires à des œuvres d’art contemporain sans jamais heurter la cohérence du lieu. Ici, le passé et le présent dialoguent à voix basse, mais intensément.

L’église baroque dédiée à Saint Gerlach déploie ses fresques du XVIIIᵉ siècle, signées d’un certain Johann Adam Schöpf, et raconte la vie d’un saint qui connut d’abord la tentation avant la transcendance. Un repenti flamboyant, en somme. Aujourd’hui, il est toujours vénéré avec ferveur et les nombreux visiteurs aiment quitter les lieux enrichis d’un petit sachet de sable béni récupéré sous le tombeau… A côté, le petit musée recèle une une oeuvre en argent particulièrement intéressante, je ne vous en dit pas plus.


À quelques pas, la chapelle contemporaine offerte à l’Eglise par la famille Oostwegel abrite une mosaïque d’Irène van Vlijmen (1997), composée de 350 000 tesselles de verre et de feuilles d’or, un hymne moderne à la spiritualité et à la patience. Deux époques, un même souffle.

Quand la table devient un acte de foi

Les Salons, table installée dans l’ancienne bibliothèque du baron de Sélys-Fanson, la gastronomie se vit comme un rite laïque… Sous les boiseries et les moulures, Guido Le Bron de Vexela officie avec le calme des chefs qui savent d’où ils viennent. Sa cuisine parle français avec l’accent du potager : légumes du domaine, sauces précises, jus tendus comme des alexandrins. Une carte courte, vive, sans fioritures, de celles qui attrapent la saison par le col.

On murmure qu’une étoile verte Michelin pourrait bien s’inviter à la table ; mais ici, le vrai luxe, c’est le goût.
Le service est juste, le sommelier affûté : Puligny, Moselle, Gevrey, Toscane, les verres voyagent autant que les idées.

Pour un déjeuner plus libre, la brasserie Burgemeester Quicx propose une version simple et chic du plaisir : tables en bois, plats à partager, ambiance joyeusement désinvolte. Le raffinement Oostwegel, sans cravate.

L’hospitalité comme œuvre d’art

Les 114 chambres se répartissent entre château, fermes et dépendances ; chacune raconte à sa façon le mariage du confort et de la mémoire.
Bois noble, lumière dorée, silence de campagne et literie au carré : le luxe y est discret sans être monacal.
Au matin, on ouvre les rideaux sur les collines du Limbourg et l’on comprend que la beauté ici n’a rien d’ostentatoire, elle est cultivée.

Et comme les Oostwegel aiment voir grand sans jamais forcer le trait, ils ont confié à Francine Houben, architecte originaire de la région et fondatrice de Mecanoo,  la conception d’un pavillon de réception, capable d’accueillir 1000 convives. Une prouesse architecturale où la pierre bleue et le bois clair dialoguent dans la transparence, sans jamais rompre la sérénité du lieu.
Mariages, dîners, colloques : on y fête tout ce que la vie offre de grandiose,  avec cette retenue néerlandaise qui, paradoxalement, rend tout plus flamboyant.

L’esprit Oostwegel, ou la noblesse du vivant

Au fond, St. Gerlach n’est pas simplement un hôtel. C’est une philosophie de l’hospitalité, un art de concilier la pierre et la chair, la contemplation et la convivialité.
Un lieu où l’on passe d’une église baroque à un spa, d’une coupe de champagne à un instant de silence, sans jamais perdre le fil : celui du plaisir juste, cultivé, profondément humain.

Chez les Oostwegel, on ne restaure pas seulement des bâtiments : on ressuscite des âmes.

● Château St. Gerlach |
Joseph Corneli Allee 1, 6301 KK Valkenburg, Pays-Bas
T +31 43 608 8888
Copyright : Château St Gerlach – Les Sybarites.